Archive of lost dreams (Rhys/Lyam)

La liberté. Il n'y avait rien que Lyam aimait tant. En avoir été privé au sens propre pendant prés d'un an lui avait valu de vivre en enfer, dans tous les sens du terme. Il avait arrêté de compter ses séjours à l'infirmerie comme ceux en isolement. Il avait beau aimé sa solitude, il n'avait rien trouvé de pire que l'isolement. De toutes les choses que les personnes qui étaient alors les plus importantes de sa vie, lui avaient volé, c'était cette liberté qu'il n'arrivait pas à leur pardonner. Il n'avait que faire de l'argent, du pouvoir ou de ses hommes tant qu'il était dans son élément. Il avait fait sans le reste, il pouvait donc survivre à leur absence. Vivre sans sa liberté pourtant n'était plus vivre. C'était donc cela plus qu'autre chose qu'il leur ferait payer le moment venu. Et alors ils regretteraient de ne pas l'avoir tué ou veillé à ce qu'ils soient enfermés bien plus longtemps.
Cela faisait tout juste une semaine que Lyam respirait enfin autre chose que l'odeur putride de la prison et de sa cellule. Lui qui souffrait déjà d'insomnie n'avait pas vu son sommeil s'améliorer. Aussi au lieu de tenter de le trouver dans une ruelle sombre et froide dont il préférait toutefois le confort inexistant à celui de sa cellule, il avait repris contact avec son monde. Certes, un an avait passé. Les choses avaient changé, ses rapports avec le milieu aussi, sans compter qu'il était passé par la case prison après avoir du livrer toute son organisation. Le contact ne fut pas aisé à première vue mais il était habitué à ce monde. Tellement habitué. Il en connaissait les rouages et les individus, savait à qui se fier et de qui se méfier, devinait aussi qui était du côté de sa femme et qui lui était resté fidèle. Il ne récupérerait pas son monde mais il n'en avait pas réellement l'intention. A l'heure actuelle, il ne brulait que de sa vengeance. Il n'avait donc besoin que de ressources et d'informations. Discrètement, il se faufilait dans cet univers qui fut le sien. Il se méfiait de sa femme, ne sachant pas ce qu'elle avait réellement conservé, mais il avait un autre nom en tête de liste. Celui de Rhys. Il avait beau avoir retourné la question dans son esprit pendant des mois, quelque chose lui échappait toujours. Pourquoi ? Que lui avait-il donc fait pour qu'il le trahisse de la sorte ? Ca n'était pas tant le fait qu'il se soit tapé sa femme qui lui faisait mal mais sa trahison, pure et simple. Il n'arrivait pas à en saisir la raison et cette question lui hantait l'esprit. Il se savait plus quoi penser, ni éprouver le concernant. Pour son épouse, la mince frontière entre l'amour et la haine ne cessait d'être franchie mais pour lui. Il avait eu le temps de penser, de réfléchir et de prévoir sa vengeance. Pourtant, il était toujours dans le noir, il manquait d’éléments. Aussi, au nom de ce qu'ils furent, du moins il le pensait, par le passé, il lui devait un droit de réponse. Il ignorait pourquoi il tenait tant à lui accorder, alors qu'il était peut être plus impardonnable que sa propre épouse dont il avait tout de même assassiné le frère de sang froid pour lui prendre la place. Mais il le voulait, il en avait besoin, sans parvenir à se l'expliquer. La suite ne dépendrait finalement que de quelques mots. Après tout, Lyam n'avait pas été le seul à se confier. Il savait donc où frapper et il n'hésiterait pas s'il le fallait. Il n'avait plus rien à perdre, plus maintenant, plus après ça. Il ne pouvait pas en dire autant de lui.

Et maintenant, il savait où le trouver. Lyam avait été agréablement surpris de retrouver quelques contacts. Et même si la violence avait parfois été nécessaire, il avait été heureux de constater que ses mots fonctionnaient toujours aussi bien, même sorti de prison. Ce dont il avait besoin, il l'avait donc finalement obtenu, assez vite. Même si en cherchant bien, Rhys ne se cachait pas particulièrement. Lyam avait été tout aussi surpris d'apprendre ce qu'il était devenu. Il trouvait cela presque surréaliste, mais la tache ne lui serait que plus aisée. Une petite visite s'imposait désormais et il ne voulait laisser à personne le temps d'annoncer son arrivée. Le plus tôt serait donc le mieux. Usant de ce qu'il avait, Lyam fit ce qu'il put pour effacer les traces de maigreur héritées de la prison même s'il n'avait jamais été très épais en dehors de sa musculature. Il devait faire illusion.
Ce fut donc parfaitement apprêté qu'il se présenta à la mairie d'Heavybrook quelque jours plus tard. Pour le coup, il avait même pris la peine de prendre rendez-vous sous un faux nom. Il voulait être certain de le voir et d'avoir le temps pour ce qu'il devrait faire. Tout fonctionna à merveille. Nul ne pouvait avoir idée que l'homme qui se présentait sortait à peine de prison. Après être passé à l'accueil, il frappa donc à la porte, entra quand on l'y invita et attendit que le jeune homme relève les yeux vers lui. Il eut alors tout le loisir de l'observer, avec un pincement au cœur quand il nota qu'il était aussi beau que dans son souvenir. Il aurait du se frapper pour avoir de telles pensées mais c'était la vérité. C'était une des choses qui l'avait frappé à l'époque où il l'avait engagé. Il avait un physique plus qu'agréable. Quand il put cesser de le dévorer des yeux, ce fut pour lui adresser un souvenir carnassier au moment où il relevait le regard vers lui.

- Bonjour Rhys.

Archive of lost dreams

ft. Lyam O'Grady, Rhys Hadley.

La réalité. Douloureuse, ambitieuse, glorieuse et en même temps monstrueuse réalité. Vivre dans un rêve serait certainement bien plus aisé que de faire face à cette douleur infâme de la trahison. Rhys avait goûté à ce sentiment des plus infâmes : la honte, la culpabilité, la haine envers lui-même. S’il avait pu revenir en arrière, sans aucun doute qu’il l’aurait fait. Il avait surtout l’impression d’avoir perdu ce qui lui importait le plus. Il avait pu toucher du doigt le bonheur, sentir la joie aborder les contours de son âme et puis tout s’était envolé, sans crier gare. Et tout cela pourquoi ? Pour un mensonge. Vicieux. Manipulateur. Joli mensonge qui avait tout détruit sur son passage. D’un Rhys heureux, criminel et ô combien immergé dans son objectif de grandeur n’en ressortait qu’un Hadley peu confiant, perdu et désolé de ne pas avoir eu la chance de sauver l’âme de son meilleur ami et la sienne par la même occasion. Bien évidemment, Beatriz y était pour beaucoup dans cette histoire. Aussi belle que dangereuse, elle inspirait le respect et désormais la crainte. Comment Rhys avait-il pu tomber dans le panneau de cette femme aussi mystérieuse que magnifique ? Il l’avait aimé dès le premier instant et avait tout de suite remarqué ce que Lyam pouvait trouver d’essentiel chez lui. Il savait pour autant qu’elle était un fruit défendu. Elle appartenait à son meilleur ami, Rhys les avait regardés s’épouser, simple spectateur d’une pièce de théâtre grandeur nature. Du moins, c’est ce qu’il avait cru alors qu’il constituait en réalité un des premiers rôles malgré lui. Un jouet dans les mains de Beatriz O’Grady. Une épée dans le dos de Lyam O’Grady. Aujourd’hui, le simple conseiller du maire d’Heavybrook. Cette période semblait si éloignée de lui et pourtant si proche. Cela faisait désormais un an qu’il avait dit adieu à la jeune Beatriz et à son meilleur ami. Il n’était plus de leur monde mais son esprit restait intimement lié à leur souvenir. Impénétrable étaient les intentions de Rhys Hadley aujourd’hui, imperturbable était son cœur. Plus personne n’avait eu d’occasions de l’atteindre, de le toucher autant que ces deux personnes dans sa vie. Rhys était désormais intimement convaincu que plus personne ne pourrait obtenir son amour, encore moins son respect. Tout n’était qu’un jeu pour lui et il avait été élevé à la bonne école. Beatriz lui avait tout appris sur le sujet après qu’elle lui eut brisé le cœur sans ménagement. Il se doutait qu’il ne la reverrait jamais et une part de lui-même préférait largement que ce soit le cas, la haine embrasant chaque particule de son être. Quant à la deuxième partie, Rhys préférait ne pas y penser. Depuis plus d’un an, toutes ses émotions ne faisaient que se mêler dans une cacophonie détestable et tout ce qu’il pouvait en retenir résidait dans une seule note : la culpabilité. Quoique qu’il ait pu ressentir pour Beatriz, il avait conscience qu’il avait trahi son seul véritable ami sans vergogne et sans qu’il n’y ait eu justice. Il avait été dupé autant que Lyam certes, mais il s’était quand même laissé attraper par la jeune femme sans tenter de résister une seule seconde. Comment les choses avaient-elles pu se dégrader aussi facilement et rapidement ? Rhys n’avait pas la réponse adéquate à apporter à cette interrogation. Il espérait simplement que Lyam allait bien, simplement cela. Même s’il se doutait que dès sa sortie de prison, il viendrait le trouver et le détruire sans ménagement. Rhys n’avait pas peur de cette conclusion, il s’y attendait et s’y était préparé. Il aurait mal, bien plus mal qu’après la trahison de Beatriz. Il s’y ferait, comme tout le reste. Comma la mort de Clark. L’enlèvement de Candyce. Il se relèverait, encore et encore. Et souffrirait encore. Puisque Lyam était certainement la personne qui le connaissait le mieux et qui était le plus ancré dans son cœur, sans qu’il ne puisse agir à l’encontre de ce principe.

Et une nouvelle journée qui commençait pour Rhys, d’ores et déjà dans son bureau. Bien loin de toutes ces pensées, tous ces souvenirs qui le déroutaient quasiment tout le reste du temps. Il avait du boulot à n’en plus finir et n’avait clairement pas le temps de se haïr pour des faits sur lesquels il ne pouvait plus revenir désormais. Sa secrétaire lui transmit une tonne de coups de fils. Il avait des réunions à organiser, des dossiers à rendre et rien que son travail le libérait du poids de ses maux. Du moins, c’est ce qu’il pensait. En réalité, les choses ne faisaient que dégénérer. Une course lente et déferlante bientôt vers le fond du précipice. En effet, son assistante lui annonça une visite. Rhys vérifia son agenda et ne vit rien qui pouvait laisser penser qu’il avait quelque chose de prévu de ce type. Rien, en effet. Tant pis, ce genre de situations arrivait fréquemment depuis qu’il avait pris ses positions. La porte s’ouvrit alors que Rhys était en train de trier ses dossiers du jour. L’image qui le frappa fut douloureuse, splendide et très inattendue. Lyam. Hadley ne put croire ce qui se tramait sous ses yeux. L’extrême beauté de son ancien patron, ici, et pas en prison, dans son plus beau costume. Et il était effrayant, avec son sourire des plus vicieux. Mais si beau dans le même temps, malgré l’épreuve de la prison qui avait laissé quelques traces sur son physique si parfait. Son bonjour lui glaça le sang et un frisson parcourut son échine. De la peur ? Oh oui, il y en avait dans l’air, Lyam avait été un homme impitoyable et Hadley était quasiment certain que son séjour derrière les barreaux ne l’avait pas adouci. Rhys ne lâcha pas son regard pour autant, affrontant son appréhension avec une force de caractère insoupçonné. Maintenant qu’il était là, Rhys allait devoir l’affronter, quoiqu’il veuille…

« Lyam… Ca c’est une surprise. Sorti alors ? Je n’ai jamais su de combien t’avais écopé à l’époque… Si t’es là pour me tuer, fais ça vite et proprement s’il te plait… »

Un brin de lucidité lui permit de sortir cette dernière phrase, ayant pleinement conscience que Lyam était un tueur des plus tenaces à l’heure d’aujourd’hui. Rhys s’autorisa même un sourire, quitte à mourir dans les minutes qui venaient, autant le faire avec classe… Et mystère.

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