(M) AU CHOIX

Je cligne des paupières et ne peux détacher mes yeux du corps inerte de mon meilleur ami, que dis-je, de mon époux. Cette pensée me fait sourire. Je m’en souviens comme si s’était hier. Enfin, je m’en souviens… Je m’en souviens comme quelqu’un de complètement arraché s’en souvient. Le mec a fait une drôle de tête quant on lui a dis qu’on voulait se marier. Il n’a pas voulu d’abord, parce qu’il a remarqué qu’on n’était pas dans notre état normal, il a même menacé d’appeler les flics. Mais j’ai tellement insisté qu’il a finit par nous unir Jeb et moi. Sans aucun doute l’une des meilleures soirées de ma vie, un de ses fous rires. Et le lendemain quand on s’est réveillé et qu’on a compris ce qu’on avait fait… L’idée de divorcer ne m’a jamais traversé l’esprit. Et maintenant, je me retrouve marié à un… A un légume ? Je sens une larme perlait au coin de mon œil. Je la chasse, je mets fin à ses jours d’un revers de manche. La vie est quand même mal foutu. Ce mec là, qu’est allongé dans ce lit, dans le coma depuis maintenant deux ans, il avait tout pour perdre la vie, drogue, alcool, bagarre, course de voiture… Si on m’avait appelé pour me dire que Jeb avait fait une overdose, avait trouvé la mort pendant une bagarre, j’aurais trouvé ça normal. Mais qu’on m’appelle pour me dire que ce crétin c’est fait renversé par une voiture en rentrant du supermarché ! Putain de merde. J’ai cru à une blague. Pourtant, quand je me suis pointé à l’hôpital, j’ai compris que s’était pas un mauvais tour. Je soupire. A chaque fois que je viens, j’espère qu’il finira par ouvrir les yeux. Et bizarrement, s’est toujours moi qui finis par les fermer.