Love is like the wind, you can't see it but you can feel it ∞ Sofia Ramirez

Aujourd'hui, je bénéficiais d'un jour de repos et même si j'étais très attaché à mon travail, j'admettais volontiers qu'avec la fatigue que j'avais accumulé ces derniers temps, j'étais ravi de ne pas être de service. Durant la semaine qui venait de s'écouler, j'avais été affecté au quartier le plus mal famé de Heavybrook et autant dire tout de suite que mon coéquipier et moi-même n'avions pas eu le loisir de nous ennuyer une seule seconde. L'avantage, c'est que l'on formait un duo inséparable depuis déjà de nombreuses années et notre complicité n'était donc plus à démontrer. J'en avais pour preuve qu'il suffisait souvent que nos regards se croisent pour que l'on se comprenne en un éclair. Or, cela représentait un atout de taille non négligeable que l'on mettait évidemment à profit quand nous étions sur le terrain. D'ailleurs, pas plus tard qu'hier, un dealer nous avait encore tirés dessus et il avait fallu que l'on use de toute notre expérience pour l'arrêter sans qu'il y ait la moindre casse. Cela pouvait paraître effrayant au premier abord mais dans la mesure où c'était notre lot quotidien, nous n'y prêtions même plus attention. Nous connaissions les risques du métiers et nous les acceptions: je ne faisais pas exception à la règle.

Ce matin, c'était mon chien qui avait joué le rôle du réveil. Alors que je dormais profondément, ce petit canaillou n'avait en effet rien trouvé de mieux que de grimper sur mon lit pour venir m'aboyer dans les oreilles. Pour autant, je ne lui en avais pas tenu rigueur d'autant plus que je n'avais jamais réellement apprécié de faire la grasse matinée. Après notre petite promenade quotidienne, j'avais pris mon petit-déjeuner et comme je savais que dans quelques heures, il était prévu que je retrouve l'élu de mon cœur, j'avais également monopolisé la salle de bain pour être aussi coquet que possible. Je ne cachais pas que c'était nouveau pour moi de ne rien laisser au hasard afin d'être irrésistible aux yeux d'une jeune femme mais la relation que je partageais avec Sofia n'avait rien de comparable avec ce que j'avais connu par le passé. Certes, je n'en étais pas encore arrivé à un stade où j'imaginais fonder une famille avec elle mais en revanche, je ne doutais plus vraiment des sentiments que j'éprouvais à son égard. Parfois, j'essayais encore de me persuader que j'allais trop vite en besogne mais il était évident que j'avais cette séduisante créature dans la peau: ce n'était d'ailleurs pas un hasard si elle occupait toutes mes pensées à l'instant-même où j'ouvrais les yeux le matin et qu'elle ne les quittait plus avant que je rejoigne le monde des rêves le soir venu.

Plus que quelques minutes de patience et j'allais enfin pouvoir profiter de mon ange. J'avais hâte de revoir son doux visage et d'humer son délicieux parfum mais plus que tout, il me tardait de lui offrir un tendre baiser. Alors, lorsque je l'aperçus au loin et que je vis qu'elle me tournait le dos, une idée me traversa l'esprit. Je me saisis alors de mon portable pour lui envoyer un message:

" Retourne-toi "    

Je ne cachais pas que j'aimais surprendre Sofia chaque fois que l'occasion m'était offerte de le faire. Je mettais d'ailleurs un point d'honneur à avoir des petites attentions à son égard dès que j'en éprouvais le besoin. Par exemple, il n'était pas rare que je lui envoie des messages remplis de tendresse quand je jugeais le moment opportun de lui montrer qu'elle me manquait. De temps à autre, je l'invitais également dans ma modeste demeure et je lui concoctais alors un petit repas aux chandelles. D'une certaine manière, j'essayais de lui prouver qu'elle n'était pas qu'une simple petite amie à mes yeux et qu'au plus profond de mon cœur, je désirais réellement que l'on fasse un bout de chemin ensemble. Pour autant, je ne voulais pas être sans arrêt sur son dos et donc devenir trop envahissant: je lui laissais donc une certaine liberté pour ne pas qu'elle ait la sensation d'étouffer au travers de notre relation. Parfois, il m'arrivait encore de me demander si j'en faisais trop ou si à l'inverse, je n'avais pas tendance à trop délaisser ma moitié mais comme je manquais encore d'expérience en amour, je trouvais logique de connaître quelques difficultés à trouver le juste équilibre: tant que ma dulcinée avait le sourire, j'étais un homme comblé. 

Ce que je trouvais ironique, c'est d'avoir découvert au contact de Sophia que j'étais en réalité un romantique refoulé. Pendant de nombreuses années, j'avais pris un plaisir sans fin à me moquer des films à l'eau de rose ou bien encore à juger ridicule le comportement de certains de mes proches qui étaient obsédés par leur moitié une fois qu'ils étaient amoureux. Aujourd'hui, j'avouais sans difficulté que je m'étais planté en beauté puisque j'étais devenu l'un d'entre eux mais après tout, ne disait-on pas qu'il n'y avait que les cons qui ne changeaient pas d'avis? De plus, même si il est vrai que je m'étais beaucoup adouci auprès de ma séduisante mexicaine, il ne fallait pas croire pour autant que j'étais devenu aussi innocent et sage qu'un ange. J'avais en effet gardé une certaine virilité et comme j'étais de nature assez coquine, je n'étais pas le dernier pour accorder des danses sensuelles à Sofia tout comme je demeurais assez gourmand sur un plan purement sexuel. Disons seulement que je ne pensais non plus qu'à ça, bien au contraire...

Effectuant donc cette entrée pour le moins originale, je me contentais de rester sur mes positions et d'attendre la réaction de mon amour. Comme je m'en étais douté, celle-ci ne se fit alors pas prier pour foncer dans ma direction et se jeter littéralement à mon cou. Aimant sa fougue, j'affichai un grand sourire quand elle s'agrippa à mon corps: comme elle était légère comme une plume, je n'éprouvai d'ailleurs aucune difficulté à la porter

- Coucou mon ange, toujours aussi magnifique à ce que je vois...

A la suite de ma réflexion, mes yeux croisèrent le regard de braise de Sofia et je me mis à la contempler avec beaucoup de tendresse. Puis, n'y tenant plus, je finis par lui offrir un baiser des plus passionnés que je pris plaisir à prolonger autant que possible.