tu sais pas que tricher, c'est mal ? | (o.)

SI ON NE PEUT PAS TRICHER, CA NE SERT PLUS A RIEN DE JOUER AUX CARTES.
~ OLIVIA & VESPER.
Vesper jeta un regard à son verre doré, avant d'en avaler quelques gorgées. Ce soir, le casino battait son plein et faisait salle comble. Rien n'aurait pu faire plus plaisir à sa gérante qui profitait du moment, tranquillement attablée au bar où elle sirotait un bon whisky, comme à son habitude. Elle aimait l'ambiance des casinos, qu'elle avait parfaitement instauré dans le sien : le bruit des machines à sous malgré l'énervement des perdants qui venaient de voir disparaître sous leurs yeux impuissants des dizaines et des centaines de dollars, les spectacles lumineux qui se pavanaient dans une autre salle, ou encore la beauté puissante et surfaite du lieu. Elle adorait admirer le cercle très privé des bons joueurs de poker, qui disputaient une partie non loin d'elle. Un instant, son regard se perdit dans leur direction. Vesper était atteinte de la maladie du jeu et ne s'en cachait pas, mais elle aimait presque autant voir des bons joueurs disputer une partie endiablée. Compter parmi eux n'était qu'un petit plus qu'elle ne se permettait pas tous les soirs, heureusement pour son compte en banque d’ailleurs. Aujourd'hui, elle n'avait aucunement l'intention de miser et de perdre, simplement de profiter d'une soirée tranquille comme elle n'en avait plus beaucoup depuis qu'elle avait épousé Wren et son business. C'était bien le seul luxe auquel elle avait du dire adieu en choisissant cette vie, en dépit de celle, plus naturelle et simple, qu'elle aurait pu avoir en ne croisant pas sa route.

Vesper jouait assez au poker pour en connaître toutes les règles et pour en discerner les tromperies. Vingt minutes d'attention à la table de poker du cercle VIP lui suffirent pour comprendre ce à quoi jouait cette femme et ce jeune homme, vainqueurs depuis le début, bien que l'un d'entre eux se couche bien trop rapidement après avoir misé gros. Même si Vesper n'avait rien de spécial contre la duperie lors des jeux de carte, s'y adonnant bien trop souvent pour en condamner la présence, elle ne pouvait décemment laisser faire ça sous ses yeux sans s'amuser de la situation. Sure d'elle, elle abandonna son verre aux bons soins des barmans, et rejoignit cette table où elle jouait presque un soir sur deux. Puis, elle posa fermement la main sur l'épaule de l'homme qui aidait sa partenaire à gagner la partie aux dépends des autres joueurs qui se faisaient sauvagement plumer par leur belle tricherie. « Puis-je prendre votre place quelques minutes, monsieur ? » laissa-t-elle échapper, de manière assez ferme pour qu'il comprenne qu'elle avait vu son petit stratagème. Vesper souhaitait simplement s'en amuser, pas leur poser problème, ce qui serait forcément arrivé si elle avait avoué haut et fort leur petite duperie. En un sens, elle faisait preuve d'une sympathie inégalable. Il se leva, non sans la foudroyer du regard, et lui laissa son siège. « Bonsoir à tous. » lança-t-elle aimablement à tous les joueurs qui, pour la plupart, la connaissaient bien pour être de fervents adeptes du casino. « Vous devez jouer excellemment bien, mademoiselle, pour les avoir autant plumé. Voyons voir si la chance tourne. » Seule la jolie blonde, à ses côtés, pouvait entendre ses dires. La même femme qui trichait allégrement depuis le début de sa partie. Mais que valait-elle, sans son gentil partenaire ?

La soirée s'annonçait bonne, l'ambiance était à palpable et, comme à son habitude, Olivia plumait tous ses partenaires autour de la table de poker. C'était son père qui, des années auparavant, avait enseigné les bases du poker à Olivia, elle se souvient encore de lui, la clope au bec, qui lui répétait à longueur de journée "si tu sais pas bluffer, c'est même pas la peine de jouer". Elle balayait ces souvenirs presque attendrissants de son esprit pour se concentrer sur la manche qui se jouait. Grayson Hall, son fidèle complice de tricherie venait de se coucher, lui laissant délibérément une somme au montant très élevé. Ils utilisaient la technique du chip dumping qui consistait principalement à blanchir de l'argent par le biais du poker pratiquement tout le temps, mais personne ne semblait être assez fin pour le remarquer, ils devaient probablement trop être occupés à compter les cartes qui tombaient. Olivia venait rarement au casino du coin, elle préférait, par mesure de sécurité, arnaquer les gens dans d'autres villes, afin de pouvoir réitérer sa technique autant qu'elle le souhaitait et afin d'éviter à ce qu'un agent de sécurité ne comprenne ce qu'il se passe. Mais pas ce soir. Ce soir elle avait décidé qu'elle irait plumer les gens de Heavybrook. Elle lance un regard à Grayson, un regard que lui seul peut déchiffrer, un regard qui dit "c'est bon, ils sont finit". Le joueur d'en face se couche à son tour, ne pouvant plus suivre la mise. Olivia laisse échapper un léger sourire. Soudain une voix féminine bien connue des habitués du poker retentit, brisant alors le silence qui entourait la table. "Puis-je prendre votre place quelques minutes, monsieur ?" Olivia ne se retourne pas, mais sait très bien qui vient de prendre la parole: Vesper Nelson, co-propriétaire du casino The Nelson. Olivia lança un regard furtif à Conrad qui se leva non sans masquer sa colère et s'éloigna de la table. Elle jeta un coup d’œil à Vesper qui prenait place à ses côtés. "Bonsoir à tous." dit-elle alors d'un ton agréable. Olivia fixa son jeu, elle se savait menacée par la présence de Vesper et la sortie de son complice mais cela ne faisait que rendre le jeu plus amusant. Oui, amusant, c'était cela. Comme un défi. "Vous devez jouer excellemment bien, mademoiselle, pour les avoir autant plumé. Voyons voir si la chance tourne." Olivia ne releva pas les yeux de son jeu, elle souriait doucement à l'entente des mots de Vesper. La quatrième quarte est dévoilée, Olivia raise, et lance un bref regard à Vesper. Olivia bluffe, elle n'a même pas de made hand, à vrai dire elle n'a pas de quoi relancer mais persiste, espérant voir ses adversaires se coucher. Olivia comprend que Vesper sait. Elle sait pour le chip dumbing. "Comment avez-vous comprit ?" murmure-t-elle de but en blanc, les yeux perdus dans ceux du joueur d'en face. "Jamais personne n'avait saisit le truc." Cependant même si Olivia Witlshire sait que désormais sans partenaire cette partie semble perdue, elle persiste à bluffer, masquant sa surprise quant à la découverte de Vesper. Comme dit le dicton, il y a une première fois à tout..

SI ON NE PEUT PAS TRICHER, CA NE SERT PLUS A RIEN DE JOUER AUX CARTES.
~ OLIVIA & VESPER.
Vesper n'était pas forcément une mauvaise joueuse de poker, mais elle demeurait loin d'être vraiment bonne dans ce domaine et d'obtenir le prix de l’excellence. Observer les autres et discerner le bluff grâce à un geste anodin, un haussement de sourcil, une main délicate passée sur un front en nage, tout cela ne lui était pas étranger. A force de travailler dans ce milieu obscur, Vesper avait gagné une capacité hors norme à lire dans le regard des autres comme dans un livre ouvert. Néanmoins, la chance ne lui souriait -la plupart du temps- pas du tout, et elle était une très mauvaise comédienne. Certes, elle pouvait bluffer, mais la victoire n'était que rarement au bout du chemin. Ainsi, elle ne pouvait qu'attendre de toucher une bonne main, car sans les cartes adéquates, elle ne pouvait aller nul part et se contentait d'admirer les autres empocher son argent durement gagné à la sueur du front des autres. Cette table de poker n'abritait pas de mauvais joueurs, mais aucun ne frôlaient l'excellence comme Vesper avait l'habitude d'en voir. En revanche, tous étaient des clients réguliers, hormis cette jeune femme qu'elle venait de surprendre en pleine tricherie. Il y avait Matthew, ce jeune millionnaire de la ville voisine qui s'était un jour amusé à draguer la jolie blonde. Depuis, ils étaient un peu en froid. Il y avait Doris, cette femme aux allures tellement masculines qu'on jurerait avoir un homme en face de soi. Elle dégageait un petit quelque chose de victorieux, et dans son regard, on ne pouvait lire qu'une hargne difficilement contenue : elle était terrifiante, et à raison. Autour de cette table, Vesper n'appréciait que Tony, monsieur approchant de la quarantaine mais agréablement bien conservé, à l'intellect et à la débrouillardise affolants. C'était étrange qu'il n'ai pas remarqué la petite magouille de cette femme et de son mauvais compagnon. Il adressa un franc sourire à Vesper, et la partie pouvait alors continuer, comme si elle n'avait jamais été dérangé. Seul Grayson Hall, le regard affuté et la mine hargneuse, pouvait témoigner du changement inhabituel qui venait d'avoir lieu à cette table.... et ce à ses dépends.

La jolie brune relança. Vesper jeta un coup d’œil à ses cartes. C'était la fin de cette manche, mais elle avait deux possibilités : ou elle se couchait et laissait encore cette petite tricheuse emporter toutes les mises, ou bien elle jouait envers et contre tout, affrontant seule son unique adversaire. Double paire. Neuf et roi. C'était peu, mais au moins, elle avait quelque chose et n'aurait pas à faire mine de bluffer. « Comment avez-vous comprit ? Jamais personne n'avait saisit le truc. » Elles parlaient toutes deux assez discrètement pour que personne ne puisse les entendre. De toutes manières, ils avaient tous les yeux rivés sur les jetons, impatients d'admirer le dénouement de cette bien étrange partie. La plupart d'entre eux se trouvaient être complètement plumés, et tapis ne leur aurait pas coûté bien cher en jetons. Néanmoins, ils s'intéressaient toujours à cette manche, et au combat de coq qui opposait ces deux jolies demoiselles, tant agréables à l’œil que douées de leurs cartes. « Je dois dire que vous n'y êtes pour rien, votre jeu d'actrice est excellent. C'est votre camarade là. Il ne cessait de vous regarder, comme pour chercher votre approbation. J'ai presque cru à de l'amour mais... non, il n'y a pas ce désir qui réside entre les êtres épris. Oops, j'espère au moins que vous n'êtes pas ensembles. » lâcha-t-elle non sans humour, alors qu'elle regardait à nouveau ses cartes. Certes, discuter avec cette femme promettait des paroles pertinentes et un dénouement surprenant. Néanmoins, le jeu passait désormais avant tout. Vesper était de ces femmes qui ne supportaient pas de perdre. Absolument pas à cause d'un quelconque problème d'argent, seule sa fierté et son égo étaient en jeu, surtout devant un tel public. Elle vrilla son regard dans celui de cette brune qui osait s'opposer à elle, tâchant d'y discerner la moindre trace de tromperie, de bluff, ou d'assurance. « Je sais extrêmement bien discerner les gens en un regard. » Effrayer et la mettre mal à l'aise à l'aide de son ton assuré et de son sourire narquois lui permettrait sans doute de saisir la nuance entre le bluff et la confiance. Sure d'elle désormais, Vesper relança.

Olivia fixa son jeu, intérieurement, elle déglutissait. Elle n'avait foutrement rien, juste une paire de Rois. A vrai dire elle n'avait souvent pas grand chose au poker, mais son bluffe suffisait à faire se coucher ses adversaires pour qu'elle remporte la partie avec brio. Cependant cette fois était différente des autres, elle n'était pas face à n'importe quel crétin qu'elle comptait plumer. Elle avait en face d'elle - ou plutôt à ses côtés, Vesper Nelson, dont le nom avait rapproché à "bonne joueuse de poker", en effet on lui avait déjà vanté les talents de la co-proprio du casino. Mais ce qui inquiétai Olivia davantage c'était que cette femme était la seule à avoir comprit ce qui se tramait entre elle et son complice Grayson. "Je dois dire que vous n'y êtes pour rien, votre jeu d'actrice est excellent. C'est votre camarade là. Il ne cessait de vous regarder, comme pour chercher votre approbation. J'ai presque cru à de l'amour mais... non, il n'y a pas ce désir qui réside entre les êtres épris. Oops, j'espère au moins que vous n'êtes pas ensembles" Olivia baissa la tête dans son jeu, étouffant un rire léger et suffisamment discret pour qu'il n'éveille pas l'attention des autres compagnons de tables, hormis celle de Vesper. Elle eu alors une vision d'horreur, elle et Grayson. Cela lui donnait froid dans le dos, cet homme avait le charisme d'une huître et en avait même parfois l'odeur, mais cela n'était pas vraiment important puisqu'il était assez amouraché d'Olivia pour se laisser entraîner dans toutes ces magouilles de poker auquel son cher mari ne désirait pas se mêler. "Ne vous en faites pas pour cela, Grayson et moi cela ne se résume qu'à une chose: le poker. Et je suis flattée de savoir que mes compétences d'actrice puissent au moins toucher quelqu'un, comme personne ne les remarques jamais." ajouta-t-elle d'un ton léger. Olivia leva les yeux au niveau de ceux de Vesper qui, visiblement, la scrutaient déjà. "Je sais extrêmement bien discerner les gens en un regard." dit alors Vesper accompagné d'un sourire narquois qu'Olivia ne pu complètement comprendre. Elle ne savait pas si elle devait s'inquiéter de ces mots ou au contraire s'en rassurer, alors elle fit ce qu'elle faisait toujours, elle bluffait, prétendant être totalement sûre d'elle et lui renvoya son sourire. Vesper relança. C'est alors le tour d'Olivia. Elle fixe son jeu quelques instants. Elle n'a franchement pas grand chose et risque de perdre. Mais perdre de l'argent ça, ce n'est pas grave. C'est perdre en soi qui la dérange, cela dit, il valait mieux qu'elle s'entête à continuer plutôt que d'abandonner. Au moins, cela promettait de l'ambiance. "J'imagine que votre don doit vous être très utile lors d'une partie de poker." répondit enfin Olivia, tout en annonçant qu'elle relançait. Les deux joueurs suivant se couchèrent, il ne restait désormais plus que Tony, Vesper et Olivia, cette dernière lança un bref regard à ses camarades avant de reporter son regard sur le croupier. Il reprit le paquet de cartes, brûla la première et disposa une cinquième carte face visible à coté des quatre premières. Le dernier tour d'enchères pouvait alors commencer..

SI ON NE PEUT PAS TRICHER, CA NE SERT PLUS A RIEN DE JOUER AUX CARTES.
~ OLIVIA & VESPER.
La jeune femme intriguait beaucoup Vesper. Elle ne connaissait même pas son nom, elle venait juste de la rencontrer, mais elle dégageait un quelque chose, une assurance qui était assez rare. Après tout, elle venait de tenter de rouler le casino qui appartenait à la jolie blonde, mais semblait n'en éprouver aucun remord. Pire encore, elle n'avait même pas été mal à l'aise en s'apercevant que sa combine avait été remarquée par celle-là même à qui elle aurait pu faire perdre de l'argent. Elle s'en fichait ouvertement. Une façon de voir qui intriguait et intéressait Vesper plus que de coutume, elle qui n'accordait d'attention qu'à ceux qui faisaient preuve d'une originalité propre. Une originalité qu'elle pouvait lire dans le regard de cette inconnue, très bonne joueuse de poker même sans tricher. En effet, Vesper avait beau la regarder en détail, tâcher de la mettre mal à l'aise par quelques phrases bien sorties, elle n'en demeurait pas moins impassible : aucune impression étrange ne se faufila sur son visage, si ce n'était cette belle assurance dont je parlais tout à l'heure. Ainsi, Nelson ne put être sure de ce qu'il lui restait à faire, pourtant, elle relança. Hors de question qu'elle se couche, à cet instant précis, elle ne souhaitait rien plus que gagner, comme à chaque fois qu'elle rejoignait une table de poker. Nullement pour l'argent, simplement parce que sa fierté surdimensionnée lui interdisait de se coucher devant des adversaires probablement moins bons qu'elle. « J'imagine que votre don doit vous être très utile lors d'une partie de poker. » Cette phrase de l'inconnue dessina un joli sourire sur le visage de Vesper, satisfaite que cette particularité soit appreciée à sa juste valeur. En effet, elle devait bien l'admettre, chaque partie qu'elle avait eu l'honneur de gagner lui était valu par cette capacité toute particulière de comprendre les autres, de s'immiscer à leur place, de s'imaginer leurs réactions et le bluff dans leurs yeux. J'imagine que votre don doit vous être très utile lors d'une partie de poker. « Vous n'imaginez pas à quel point. » Toujours ce désir de déstabiliser son adversaire, de la pousser à l'erreur, et non de laisser faire les cartes seules. Le croupier brandit la dernière carte. Un roi. Ce qui offrait, à Vesper, un full. C'était inespéré. Elle retint le contentement de s'illuminer dans son regard, garda cette sublime impassibilité. En un sens, elle aussi avait de certaines capacités au poker. Elle jeta un œil à Tony, à qui elle offrit un sourire tranquille, avant de se retourner vers cette inconnue toute particulière. « Tapis. »